2018-2019 : textes travaillés


Premier module

Durant deux mois, nous avons travaillé la techniqe respiratoire, la corporelle, et l'occupation de l'espace.
Nous avons exercé les élèves à l'interprétation en utilisation divers extraits de textes:

- L'ordinaire Michel Vivaner
- Les prétendants Jean-Luc Lagarce
- Lorenzaccio de Musset
- Le baiser dans la nuit d'Alfred Level
- Défilé et un 11 septembre comme les autres dans De brèves rencontres Louise et Michel Caron


Nous avons sur ces textes mis en place des ébauches de mise en espace et d'intentions.

Présentation le 18 novembre des travaux de Première approche sur un extrait de la Noce de Bertold Brecht.


Second module

Travail sur une adaptation du Journal d'une femme de chambre d'Octave Mirbeau (adaptation de Louise Caron)



En savoir plus sur le roman d'Octave Mirbeau.



En intitulant Journal une juxtaposition de souvenirs jetés pêle-mêle sur le papier, sans les dater, l'auteur ne respecte pas le contrat tacite passé avec ses lecteurs sur la foi du titre. On comprend que nombreux soient les critiques et les traducteurs qui parlent de Mémoires d'une femme de chambre, plutôt que de Journal, alors qu’il s’agit de deux formes radicalement différentes : des Mémoires impliquent le bilan d’une vie, jugée et reconstituée, longtemps après les faits, et souvent à la lumière
du présent, ce qui lui confère, rétrospectivement, un sens et une finalité, cependant qu’un Journal,au contraire, est supposé coller au plus près à l'événement, ce qui interdit toute distance, tend à
mettre toutes choses sur le même plan, ne présente ni cohérence, ni continuité, et reste ouvert sur un futur incertain. Cette forme convient admirablement à une vision non finaliste de l'univers, qui est
précisément celle de Mirbeau.
Tout se passe comme si le romancier avait refusé de choisir entre ces deux formes narratives afin d’en faire apparaître le caractère conventionnel.
• En rapportant quantité de dialogues au style direct, et en reproduisant le langage parlé avec ses dialectalismes, ses incorrections, ses tics et ses silences, comme il l’a déjà fait dans ses romans
“nègres”, il tend à supprimer la barrière qui séparait le roman du théâtre, à atténuer “ la distinction des genres ” et à repenser l'esthétique des genres littéraires .
En posant de la sorte le problème social de la servitude domestique à la Belle époque, Mirbeau espère peut-être aider les opprimé(e)s à prendre conscience de leur misérable condition, quoique sans la moindre illusion sur leurs capacités d’action collective, mais il entend surtout susciter dans l'opinion publique un scandale tel qu'il oblige les gouvernants à intervenir pour mettre un terme à cette turpitude permanent. En faisant de Célestine son porte-parole, en nous obligeant à “ regarder Méduse en face ” et, avant Bertolt Brecht, à découvrir la règle sous l'abus, et, sous le vernis des apparences et des habitudes, des horreurs sociales insoupçonnées, il exprime une nouvelle fois sa pitié douloureuse pour “ les misérables et les souffrants de ce monde ” auxquels il a donné son cœur, comme le lui écrit Zola, et il fait œuvre de justice sociale.
L’un des aspects les plus frappants de la manière dont Mirbeau réagit face à la menace et à l’angoisse de l’enlisement et de l’étouffement est la mise en lumière de l’ironie de la vie

Pour un existentialiste avant la lettre tel que l’auteur du Journal, l’existence terrestre apparaît comme une farce sinistre. Sinistre, ô combien ! puisque la mort a partie liée avec le sexe et qu’elle est partout présente et partout à l’œuvre. Farce, dans la mesure où, pour qui veut biense donner la peine de se distancier par la force de la réflexion, tout se passe comme si une puissance
sardonique se jouait des fantoches humains et s’amusait à tromper leur attente ou à leur infliger des souffrances incongrues ou des récompenses imméritées.




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